Portus mes aïgues (Pomègues)

Depuis le temps qu’on souhaite retourner sur l’île d’If (visite gratuite du château le premier dimanche du mois), j’ai accompagné nos amis bretons pour une visite détaillée de deux autres îles du Frioul, sur les quatre que compte l’archipel, Pomègues le matin, Ratonneau l’aprem.

« Portus mes aïgues » (port au milieu des eaux) ne date pas d’hier, pourtant on en apprend à chaque fois. Sortie du métro sous l’ombrière, guichet pour prendre place à bord de l’Espérandieu, et nous voilà déjà en voyage itinérant en sortant tout doucement du Vieux-Port sous le regard de « la Bonne Mère », l’hôtel de ville, le Mucem, « la Major », Palais du Pharo etc. Tandis que la Tour du Fanal (rénovée), le Vallon des Auffes ou le CNM s’éloignent, nous arrivons déjà au pied du Château d’If pour débarquer ceux qui y travaillent. Malgré le ciel non complètement dégagé, les eaux sont d’une clarté à faire pâlir bien des touristes, moins nombreux avec nous pour ce premier départ (8h45) qu’en milieu d’après-midi.

Tandis que la plupart optent pour leur droite, nous préconisons d’entamer la visite par Pomègues, beaucoup plus sauvage et séduisante à mes yeux, l’île la plus au sud est aussi la plus battue par les vents (absents aujourd’hui). Une flore des plus coriaces y a élu domicile, on parle des protégés astragales ou lys, espèces résistant au sel et au soleil. Tout ce blanc calcaire des plus lumineux tranche avec des eaux translucides, les gabians (en période de reproduction) sont des plus occupés et vigilants quant au moindre visiteur qui s’approcherait de trop. Ce goéland leucophée cohabite avec d’autres puffins cendrés, océanites ou cormorans aperçus ça et là, notamment quand nous avons lâché la piste pour le Sentier des lys des sables sur la gauche.

Un crochet quasi obligé pour approcher de la ferme aquacole (loups de Provence), nous sommes à 5 kilomètres de Marseille, on se sent pourtant tellement loin… Au pied du sémaphore, les gabians se prennent le bec, pas un seul humain pour les séparer, pas même un voilier mouillant tous dans l’autre île. Au bout du bout, nous sommes vraiment dans leur « royaume », le fort de Caveaux (appelée parfois le village des Allemands) est une succession d’anciennes installations militaires dont les traces d’obus et les vestiges sont aujourd’hui tagués ou laissés à la corrosion.

Grande calanque, calanque de la Crine, de Flacandou ou de l’Escondelle, tout en demeurant sur le chemin, nous alternons les coups d’yeux jusqu’à revenir à la Digue de Berry, qui sépare les deux îles depuis 1822, au terme d’une balade agréable et de faible dénivelé en beaucoup moins des deux heures prévues. Un petit café pour Mich' et Cath' sur le port du Frioul, et nous voilà repartis pour admirer quelques asteracées ou griffes de sorcières qui ornent le village blotti au cœur de Ratonneau.

À suivre