Oh My Gordes !

Gordes profondes, Gordes y nie, Gordes à vous etc. un ami « artiste » dans l’âme (salut Pierre) ne déparerait pas dans l’univers du plus beau Village du Monde* dont on nous a rebattu les oreilles, et les pupilles, à longueur d’articles en ce début 2023: A-MA-ZING !

Résumé des différents sites : « Au cœur du village, le château accueille des expositions d’artistes ayant vécu dans le village ou liées à son histoire. Récemment restaurée, l’église Saint-Firmin possède de riches décors colorés (boiseries du XVIIIe S, peintures murales). Plus surprenant, les caves du palais Saint-Firmin témoignent de l’histoire souterraine de Gordes et des activités artisanales pratiquées au Moyen Âge (cuves, moulin à huile…). Au cours de votre déambulation le long des calades (ruelles pavées) vous pourrez admirer le bâti de pierres claires et quelques beaux points sur la plaine de Cavaillon et le Luberon. »
Bref, pouet pouet, bling bling, cucul la praline, bastides/mas/hôtels/spas/boutique « de luxe », tout ce qu’on déteste nous en fait, à commencer par faire la queue sur le premier parking (d’en haut) pour claquer le selfie du point de vue sur le village, entre deux doigts ou posé sur la paume de la main.

Autant le côté authentique du village des bories nous aura séduit, autant le côté surfait du Luberon-cliché nous a pas mal gonflé ! Comme un symbole, un imposant véhicule 4x4 aux vitres teintées nous gâcha la première vision du château médiéval, j’avais déjà les 4€ obligatoires du parking des Murs en travers de la gorge… profond ! Quand la chapelle des pénitents blancs arbore l’ornement de façade bien connu lié à Saint-Jacques de Compostelle, un mur attenant nous claque une peinture « psychédélique » de Vasarely qui n’était pas sans nous rappeler nos livres scolaires des années 80-90. Avec l’œuvre d’art Gordes bleu (également de Vasarely) au niveau du parking bas, nul ne peut ignorer l’impact du peintre bienfaiteur (et de tous ceux qui auront contribué à l’aura de ce village vauclusien).

Cadran solaire, fontaine rafraichissante, porches ombragés, tout ici représente la Provence telle que vue dans l’imaginaire collectif, alors qu’au sein même d’une Église Saint-Firmin rénovée, tant de petits trésors comme les peintures murales ou les boiseries sont appréciables. En empruntant au hasard l’une de ces ruelles « caladées », nous tombons sur l’aumônerie Saint-Jacques, fermée au public, autrefois une hostellerie pour pèlerins se rendant à Compostelle… très loin de l’esprit de ces touristes garant leur SUV devant l’établissement à la façade disons chamarrée.

Une fois dépassée la voiturette de golf (sic), nous descendons vers le bas du village pour nous rendre jusqu’au lavoir, en profitant d’abord (malgré le ciel voilé) d’une vue panoramique sur les environs. Pas le temps (ni l’envie) d’entrer dans ces caves du palais, nous préférons déambuler dans les ruelles en dessous du théâtre des terrasses, le bien nommé. Dans tout ce monde minéral, et artistique, nous ne comptons plus les jardins ou arrière-cours défiant la beauté d’antan, achevant nôtre balade de près de deux heures en un poignant « Oh my Gordes ! » plus de dépit que d’émerveillement (en ce qui nous concerne).

* Seulement 7e dans l'émission du Plus Beau Village de France de 2016, Gordes a surtout bénéficié de l'impact du tournage de la série américaine "Emily in Paris" à l'été 2022, comme le rappellent plusieurs médias, avec les lavandes et tout ce côté "amazing", voilà comment ce bout de Luberon sera envahi par les touristes du monde entier durant quelques saisons...

Éric