Massilia bench

Ni Palm Beach ni Miami Beach, la Corniche (Kennedy) de Marseille offre cependant l’un des plus beaux spots où il est bon et souvent bien vu de s’aérer, de marcher, de pédaler, de courir comme ne manque jamais de le faire nôtre Président, façon JFK, à chacune de ses visites.

Après la visite plutôt expresse du Parc du XXVIe Centenaire, puis d’un bout du quartier du Rouet, nous avons donc repris la voiture pour traverser le rond-point du Prado (un jour férié… et de vacances… et de match !) jusqu’au célèbre David annonçant les plages. Garé au tout début de la corniche, à hauteur de l’hôtel de design autrefois refuge des Bleus, aujourd’hui pavoisé d’un (autre) drapeau Jaune et Bleu et orné d’une vache multicolore, surplombant le Roucas Blanc. Comme à l’automne dernier, nous arpentons durant quelques minutes la zone dévolue aux piétons et cyclistes (voire trottinettistes) avec grande vigilance. Cette partie du littoral, qui a subi de longs travaux, est désormais encore plus séduisante avec vue imprenable sur les îles, la baie de la Pointe Rouge jusqu’au Massif de Marseilleveyre.

Les yeux dans l’eau, mais les pieds au sec, nous croisons également le regard de cet artiste guitariste chanteur, en plein tournage de clip (au smartphone) ciel bleu et mer d’huile en fond d’écran… Pour l’heure, nous sommes aussi et surtout venus ici pour contempler le « plus long banc du monde », tout un espace mosaïqué dont nous n’avions pas vu les derniers travaux depuis 2015-2016. Massilia bench si j’osais, à la sauce américaine, est une succession de réalisations d’écoles, d’associations, de maisons de retraites ... qui participent au projet d’embellissement, qui de son « cliché » Marseillais, qui des prénoms des copains/copines, qui de la mixité, de la tolérance, de l’inventivité qui font de Marseille la ville de toutes les origines. A deux pas du monumental Mémorial des rapatriés d’Algérie, une immense hélice de 9m de haut signée César le sculpteur, une liste impressionnante de messages déposés tous les mètres d’un banc où s’asseoir serait presque inconfortable, incorrect ou malséant. Entreposés dans un hangar martégal pendant la période des travaux, toutes ces œuvres d’art ont retrouvé leur vocation de nous plaire, un intérêt grandissant au fil des années.

Même si la Corniche n’accueillera sans doute pas a priori les énormes gradins initialement prévus pour les Jeux Olympiques de 2024, trop dangereux, la base nautique du Roucas Blanc (qui devrait accueillir toutes les épreuves de voile) et toute la marina sont déjà sur le ponton des JO. En nous faufilant entre les allées d’une brocante dominicale, nous arrivons au parc balnéaire du Prado, plages déjà bien vivantes, où l’œuvre symbolisant « Le bateau ivre » d’Arthur RIMBAUD, cristallisa toute notre attention :

« Je sais les cieux crevant en éclairs et les trombes
Et les ressacs et les courants, je sais le soir
L’aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir »

Beaucoup plus poétique que ces maudits tags à même la réalisation de Jean AMADO (1989) – et non AMADOU, clin d’œil et pensée persos à Jean ROUCAS – du quartier éponyme où les bobos côtoient le « bébêtes chauds » comme ce Ripolinux s’est pris pour un artiste malin devant sa palissade.

Éric